Les morts

 Monument commémoratif pour le 111e RIR à Stockach (1927/1934) (GLAK F-S cartes postales 829 + 830, programme de 1927 in WGM Inv. n° 024590)
Dès 1921, la ville de Stockach réfléchit à l’érection d’un monument commémoratif et, le 28 août 1927, une pierre sobre en mémoire du 111e RIR est inaugurée dans le parc. [Source: Landesarchiv BW, GLAK F-S Postkarten 830]

La tempête française sur Craonne, d’abord victorieuse, est bloquée au pied du Winterberg du fait des contre-attaques allemandes. Le 111e régiment d’infanterie de réserve subit de lourdes pertes et est éloigné des zones de combats pour être déplacé vers St Erme et Sissone le 6 mai. En trois jours, les forces de combats s’effondrent de 55 officiers et 2 333 hommes à 34 officiers et 1 456 hommes. Rien que dans le tunnel de Winterberg, c’est 100 à 150 hommes qui disparaissent. Du côté des troupes françaises aussi, beaucoup d’hommes périssent : les 18e et 34e régiments d’infanterie français, qui ont conduit les attaques, déclarent presque 2 000 morts, blessés ou disparus.

La galerie effondrée et les soldats qui y reposent ne font pas l’objet de recherches dans les jours qui suivent, et sa localisation précise se perd dans l’oubli, alors que le front poursuit son chemin et passe par-dessus. La seule trace qui en reste est une mention dans les registres matricules de l’administration militaire. Mais les hommes eux-mêmes n’ont pas été oubliés.

Des années durant, leurs familles mènent des recherches, en vain, et finalement, leurs actes de décès sont dressés et leurs successions réglées : il en fut ainsi pour le journalier Karl Anker, né à Forchheim, dont on a une lettre envoyée depuis les tranchées de Craonne, tout comme pour Emil Burger, d’Unterprechtal. Comme pour tant d’autres soldats disparus, la Croix Rouge Internationale et le Zentralnachweiseamt de Berlin mènent des recherches pour retrouver le journalier Johann Hertel. Seul son livret militaire a fait le chemin du retour. Les biens de Hermann Kempf, agriculteur de Wolterdingen, sont inventoriées et son épouse et leurs trois enfants en héritent. Le Hohenzollerisches Gedenkbuch für die Gefallenen des Ersten Weltkriegs, paru en 1927, rassemble des photos de Johann Baier de Steinhilben, agriculteur, d’Ernst Henle de Stetten-am-kalten-Markt, conducteur de train, de Josef Riester de Weilheim, brasseur, et de Johann Qualbert (Albert) Wetzel de Neufra, menuisier. La même année, un monument très sobre est érigé dans un parc de la ville de Stockach à la mémoire du 111e régiment d’infanterie de réserve. En 1934, un autre mémorial, répondant aux critères esthétiques nazis, est réalisé devant l’église St Oswald par le sculpteur Erwin Krumm d’Elzach (1898-1980). On trouve enfin une courte mention des victimes du Tunnel de Winterberg dans le volume 12 du récit officiel de la Première Guerre mondiale, commandé par le Haut commandement militaire : il paraît l’année où l’Allemagne déclenche la Seconde Guerre mondiale.

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